Origine des usages alimentaires des plantes sauvages


François Couplan :

Il y a plusieurs millions d’années que l’homme consomme les herbes sauvages. Bien plus récemment – mais il y a quand même six mille ans -, on en trouve trace dans la Bible (Genèse I, 29) : « Et Dieu dit (à l’homme et à la femme) : voici que je vous donne toute herbe portant semence sur la face de toute la Terre et tout arbre qui a en lui fruit d’arbre portant semence ; cela vous servira de nourriture ».

Le dédain actuel de l’homme civilisé pour les plantes n’est qu’une attitude toute récente – qui correspond d’ailleurs à son éloignement général de la Nature. Pourtant il y a cinquante ans environ, les paysans grecs mangeaient encore comme leurs ancêtres du temps de Périclès : ils cultivaient des céréales, l’olivier et d’autres arbres fruitiers, mais ils n’avaient pas de potagers et ne consommaient comme légumes que les plantes sauvages qui les entouraient.

Les meilleurs végétaux sauvages comestibles sont certainement nos « mauvaises herbes ». celles-ci vivent depuis des millénaires avec l’agriculteur et envahisent le terrain dès qu’il le retourne. C’est pourquoi on les rencontre autour des habitations, des champs, au bord des chemins, dans les terrains vagues, etc. Elles ont d’ailleurs colonisé les divers continents à la suite des invasions européennes.
Nombre de ces plantes robustes, à la vitalité étonnante et douées de moyens de dispersion très efficaces, ont été cultivées dans nos potagers, surtout au 16ème et 17ème siècles, pour leurs qualités alimentaires ou leurs vertus médicinales. Depuis, on les a oubliées au profit de plantes exotiques de culture beaucoup plus délicate, ou parfois importées, souvent inférieures quant à leurs propriétés bénéfiques pour l’organisme humain, mais dont l’aura de nouveauté a éclipsé jusqu’à nos jours nos anciennes compagnes. Ces « mauvaises herbes » sont simplement des plantes dont nous ne connaissons pas, ou plus, les qualités.

Les habitudes acquises à la ville et les monocultures ont favorisé ce processus. Mais il ne tient qu’à nous de le changer et de retrouver les myriades de goûts et les effets favorables à la santé que les plantes sauvages proposaient déjà à nos ancêtres.

Extrait du livre « Le régal végétal ».


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